Physique:
D’une beauté commune, Sleïo n’est pas de celle que l’on remarque en première. Ses longs cheveux verdâtres et filasse s’identifient au plumage du Volvust. Enfin vert, ils sont tellement clair, voir blanc, qu’ils s’imprègnent des couleurs qui l’entoure. Ainsi Sleïo arbore régulièrement une chevelure verte. Ses yeux bleus sont encadrés d’un lourd maquillage vert, s’accordant à la perfection à sa chevelure. Elle n’est pas bien grande, tout comme sa mère avant elle. Du haut de son mètre soixante, elle est pourtant agile et rapide. Menue également, elle s’habille de façon légère, tentant en vain de paraître plus grande, plus féminine.
Elle arbore avec fierté des plumes de toutes couleurs dans ses cheveux, changeant quotidiennement, un élan de coquetterie que ses amies lui envient. Son visage, de petite taille également et harmonieux, exprime le plus souvent un air candide.
Mental:
Sleïo n’est pas née de la dernière pluie. Elle n’est pas des plus intelligentes, mais son instinct est bien plus aiguisé que ses semblables. Quand cette dernière a une idée en tête, il est difficile de l’en déloger. Elle prend cela pour de la détermination, alors que d’autre diront qu’elle est entêtée. Combien de fois s’est-elle fait « harceler » par ses parents lui rappelant des consignes de sécurité, enfant, lorsqu’elle allait dans les bois. Combien de fois est-elle revenue en pleure, ou le lendemain matin, s’étant perdue ? Notre Sleïo est un brin étourdie, laissant son regard vagabonder de-ci, de-là, comme un félin qui poursuivrait un papillon. Outre son étourderie, elle est quelqu’un de solitaire de par sa timidité. Pourtant, elle n’a qu’une envie, connaître le monde et ses nouveaux venus.
Histoire :
Du haut de son arbre, Sleïo observait le dôme de la forêt qui l’entoure. Elle aimait être ici, seule. Cela lui permettait de réfléchir, de ressasser le passé, plonger dans la nostalgie. Elle se souvenait avec bonheur de son enfance. Elle était heureuse avec ses parents, à grandir paisiblement dans le village d’Akhayu. Sa région boisée, où la végétation était dense et sa faune magnifique. Non rien ne pouvait être plus parfait. Elle soupira d’aise, plongeant à nouveau son regard sur l’océan de vert qui découlait sous ses pieds. Le dos calé contre le tronc de l’arbre, elle laissa à nouveau son esprit vagabonder. Flute à la main, elle la porta à la bouche et en souffla quelques notes. Douce et simple, sa musique rappelait le lever du soleil alors que la rosée s’évapore tout doucement de la végétation. Elle n’était encore qu’apprentie, bien jeune pour connaître toutes les mélodies sacrées et les chants ancestraux qui rythmaient la vie de son peuple. L’histoire des Abrosiens n’avait presque plus aucun secret pour elle. Musicienne et aussi conteuse, elle se devait de connaître le nom de chaque Chaw’pan et Xa’ik qui ont régné. Et avec sa mémoire défaillante… Retenir des noms était une épreuve. Elle arrêta sa mélodie, un souvenir resurgissant.
Elle n’était qu’au début de son apprentissage. Encore une fois, c’était une leçon qui tourna aux larmes. Pourtant ses efforts étaient là, constants et tenace. Même si son maître ne lui faisait aucune remarque, Sleïo savait qu’elle était dans l’erreur et qu’elle décevait. On attendait d’elle des résultats rapides. L’on croyait en ses capacités –capacités que Sleïo elle-même ignorait- et à faire d’une mélodie une histoire. Elle comprenait l’aspect théorique de ce qu’essayer de lui enseigner son maître, mais outre cet aspect, il y avait celle du cœur qui bloquait.
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Encore ! exigea son maître d’un ton tranchant qu’il accompagna d’un coup de bâton sur la cuisse la jeune fille.
Maladroitement, hoquetant, Sleïo porta sa flûte à ses lèvres et reprit la mélodie. Bien entendu, elle ne ressemblait à rien, trop secouée des spasmes de la jeune fille. Cela agaçait énormément l’enseignant qui lui asséna à nouveau un coup de bâton. Elle ne broncha pas, juste une petite grimace furtive qui se peignit sur son visage.
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Cesse donc de pleurer, Brakas ! Mes coups ne sont rien en comparaison à la douleur qu’éprouva la chasseresse O’lianka alors qu’elle se faisait dévorer les tripes par Karmina ! Elle força ses yeux à ne plus se vider de ses larmes, concentrant son esprit sur son souffle et les émotions qu’elle se devait d’offrir à sa mélodie. O’lianka, selon la légende, était une redoutable chasseuse qui n’avait jamais failli. Une nuit, elle quitta le village tout en promettant à sa fille qu’elle reviendrait victorieuse de sa chasse. Karmina était un animal fougueux et dangereux, il avait fait que trop de victime, détruisant plusieurs dizaines d’embarcations. Affrontant avec bravoure cette créature aquatique armée d’un harpon, O’lianka périt après lui avoir crevé un œil. Le maître sourit enfin, battant le rythme de la mélodie sur le sol, et non plus sur les genoux meurtris de Sleïo.
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Enfin ! Voilà qui est mieux ! Vois, quand tu le veux !
- As'hanah. Elle regardait sa flûte désormais, son unique bien. Sculptée de sa main, comme il se devait lors de la dernière année d’apprentissage, elle choisit un bois sec et clair, tirant sur le blanc, qu’elle peignit délicatement d’arabesques de couleur jade. Cela lui arracha un vague sourire. Cette couleur lui était venue spontanément. Cette flute fut taillée peu de temps après cette rencontre, une rencontre qui changea sa vie. Alors qu’elle se promenait dans la forêt à la recherche d’une belle branche pour sa flute, elle tomba nez à nez avec un Shach’ka. Puissamment bâtie, son pelage noir luisait sous la lumière fluorescente des plantes de la forêt et ses yeux d’un vert jade la fixaient, lui intimant de partir. Mais trop fascinée, Sleïo resta sur place. L’animal était magnifique, elle en oublia même d’avoir peur. Elle lui tendit une main fébrile, chose qui fit retrousser les babines au Shach’ka.
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Je ne te veux aucun mal, lui disait-elle.
L’animal lui décocha un coup de pattes, que Sleïo esquiva de justesse. Comment, elle l’ignorait elle-même. Elle était là, suspendue dans les airs, à regarder le sol avec stupeur. L’animal tournait en rond, cherchant de temps à autres à l’attraper. Elle pouvait l’entendre lui intimer de partir. Le Shach’ka lui parlait, lui donnait même des ordres.
Cela arracha un petit rire à la jeune femme, toujours confortablement adossée à l’arbre. L’animal prit la fuite quand elle lui répondit par l’esprit. Elle avait entendu parler de ses dons d’empathie, mais ne soupçonnait pas l’avoir en elle, et la lévitation également. Grâce à cet animal, elle a pu découvrir bien des choses sur elle. Elle se promit en son for intérieur, que si elle la recroisait, un jour, elle en ferait son ami.