Le soleil se levait péniblement, en cette matinée humide. La pluie était tombée drûe toute la nuit et avait rafraîchie l'atmosphère. La végétation en était heureuse, et Sleïo, heureuse pour elle. Chantonnant tout en marchant, la jeune arbrosienne parcourait le chemin qui menait au lac Ni'Ven. Elle aimait si rendre parfois pour être seule, tranquille. Et en plus le cadre de ces lieux était parfait, magique. Cela l'aidait à regagner confiance en elle, se ressourcer et surtout à s'inspirer.

Elle atteint son but rapidement. Elle scruta l'horizon. Rien ne perturbait le silence naturel des lieux, si ce n'était les chants des volatiles et les plaintes des animaux alentours. Le chant de la nature, si disait elle. Rien n'était plus beau à ses oreilles. Elle s'installa tranquillement sur un rocher qui dépassait sur les eaux du lac. Elle y baigna ses pieds nus, battant gentiment des jambes, jouant ainsi avec les eaux bleues du lac. Elle se saisit de sa flute, qui battait son flanc, puis la porta à ses lèvres pour simplement souffler dedans, accompagnant le clapotis de l'eau sous ses pieds et le chant des oiseaux se chamaillant dans les arbres alentours. Ah qu'il faisait bon. Cette pleinitude qui s'insinuait en elle, coulant dans ses veines, sa tête qui se vide. Ses yeux se fermèrent et un sourire se dessina sur son visage. Là, elle autait au paradis. Rien ne pouvait la perturber. Rien, ni personne.

Un oiseau vint se poser près d'elle, la regardant la tête sur le côté. Il ne semblait nullement effrayé par sa présence, ni sa musique. Au contraire, Sleïo le sentait lui aussi en paix. Ils étaient en symbiose. Elle arrêta un instant de souffler dans son instrument et tendit un doigt vers l'animal. Elle attendit, patiemment, jusqu'a sa carresse. L'animal avait passé la tête sous le doigts de la musicienne, il pièpait de concert avec le chant que la jeune femme avait entamé. Il lui répondait gaiment. Tout aussi joyeux que lui, elle fit faire à sa langue le son d'une trille soutenue et aigue. Il chanta à nouveau puis s'envola brusquement, laissant derrière lui quelques plumes multicolores. Sleïo un ramassa une qu'elle glissa dans ses cheveux, rejoignant une bonne dizaine de plume du même genre. Elle regarda vers le ciel, dans la direction que l'oiseau venait de prendre.

- Qu'a t'il ? Se demanda t'elle.

Elle haussa les épaules après un petit moment de réflexion puis remit sa flûte à la bouche puis entama un nouveau chant. Son préféré, il relatait l'histoire des premiers arbrosiens.