Physique:
Au premier regard, vous remarquerez les origines asiatiques de Kaohsiung et son joli minois d'un teint de porcelaine encadré par une lourde chevelure ondulée d'un noir de jais . Au second, vous vous attarderez sur son regard en amande d'un brun clair, tantôt rêveur tantôt curieux, un brin félin, surligné par des sourcils parfaitement arrondis . Au troisième, vous descendrez vers son nez joliment dessiné puis vers cette bouche pulpeuse qui ferait saliver plus d'un homme, et grogner de jalousie plus d'une femme.
Habituée aux exercices physiques imposés afin que son corps puissent supporter le voyage sur l'Arche, la jeune femme, du haut de son 1 m 65, a un corps fin sous lequel on perçoit une musculature aguerrie qui ne se laisse entrevoir que lorsqu'elle effectue un mouvement.
Sans entrer dans le détail, elle a les appâts qu'il faut pour charmer un homme. Mais à l'heure actuelle, sur l'Arche, vu le peu d'effectifs, n'importe qu'elle homme serait surement prêt à se mettre n'importe quoi sous la dent... donc tout cela reste subjectif !
Mental:
Kaohsiung a un caractère paradoxal qui s'est forgé de par son éducation et de par son expérience de la vie.
Peu habituée aux contacts extérieurs à son cercle restreint de proches, elle se montre réservée, peu loquace, affiche un sourire timide et une courtoisie des plus asiatiques pour cacher son manque de confiance en soi et sa peur d'être jugée par les autres.
Mais lorsqu'elle se retrouve immergée dans son travail, son regard rêveur, perdue dans le vague, s'illumine d'un éclat de curiosité et d'intelligence. Une curiosité qui balaie ses craintes, allume le starter, et la fait démarrer au quart de tour lorsque le travail arrive. Une intelligence qui analyse, décortique, assemble tous éléments, choses, gestes, paroles.
La jeune femme redevient alors une petite fille avide d'apprendre, de découvrir, de tester l'interdit pour aller toujours plus loin dans ses hypothèses.
Et dans ses moments là elle est prête à tout... même à risquer sa vie...
Histoire:
Kaohsiung... Un nom à la consonance étrange tout comme son origine. Mes origines !
Mes parents m'ont nommés ainsi en respect pour nos ancêtres. D'après mon père, nos aieux seraient originaires de Kaohsiung, une des plus grandes villes d'une île légendaire maintenant disparue dans les flots il y a un millénaire, Taiwan. Elle a maintenant rejoint la liste des îles ou continents disparus qui font rêver nombre de gens, dont moi, tels que Mu, Ys, l'Atlantide, le Japon.
De génération en génération, les histoires de familles ont perduré. Je les connais sur le bout des doigts et pourrais vous les réciter sans une hésitation dans ma narration.
Après réflexion, je pense que mes parents, par ces histoires, ont voulu me distraire de la noirceur du monde extérieur que nous ne pouvions voir qu'au travers de grandes baies vitrées scellées dans le béton armé des murs de la cité. J'ai passé de longs moments à contempler ce décor de ruines, brumeux, sans vie et à méditer sur la folie des hommes.
Une folie qui même à l'abri de l'air pollué, des radiations, a atteint des innocents tels que mes parents.
Ingénieurs en agronomie, ceux-ci travaillaient dans le secteur D527, réservé aux cultures et à l'élevage d'organismes génétiquement modifiés, notre seul moyen de subsistance à cette époque. Et quand ils sont partis un matin, en me donnant les consignes d'usage, la dernière chose que je leur ai dite était un « c'est bon... je ne suis plus un bébé ! »
L'après-midi même, j'apprenais leur mort sur un des écrans d'information jalonnant les couloirs de la cité. Un de leurs collègues avait pété les plombs. Apparemment, il avait estimé que ce qu'ils faisaient comme travail était inutile, que tout espoir de vie pour l'homme était vain. Au lieu de disparaître seul dans son coin, il a entraîné mes parents et d'autres employés avec lui à l'aide d'une bombe artisanale. Le gouvernement de la cité a pleuré les pertes... matérielles et alimentaires... sans un mot pour mes parents ou les autres disparus.
J'avais 14 ans ! Et je ne leur ai jamais dit que je les aimais...
Sans aucune famille dans la cité, c'est un ami de mes parents qui est devenu mon tuteur légal, le docteur Eric Chang. Un génie touche à tout mais qui avait une grande passion, l'anthropologie, et il en a fait son métier principal.
Vivre avec Eric ne me dérangeait pas car je le connaissais depuis l'enfance. Mais lui eu bien du mal. Se retrouver du jour au lendemain avec une adolescente en pleine crise, qui avait perdu ses parents, qui refusait d'aller à la centrale de cours communautaire, n'était pas des plus faciles à gérer.
Alors il m'enseigna, non pas ce que j'apprenais en classe, mais sa passion, l'anthropologie. Quand je lui demandais à quoi pouvait servir cette science dans un monde en vase clos, ou la criminalité était faible, et les perspectives de découvertes humaines inexistantes, il me répondait toujours qu'un jour un monde meilleur s'offrirait à nous et qu'alors son rôle serait essentiel.
J'ai cru en cet avenir prometteur. J'ai donc écouté, compris, appris... j'ai absorbé telle une éponge tout ce qu'il m'a enseigné sur l'être humain. Tout y est passé... Anthropologie biologique, ethnologie culturelle, archéologie, ethnolinguistique.
Et j'y ai pris goût... l'élève est devenue aussi passionnée que son maître.
Les années je ne les ai pas vu passées. Et enfermée dans ma bulle studieuse, je n'avais aucune conscience de ce qui se tramait, de la crise internationale, des lâchers de bombes qui avaient repris dans le monde. En fait si peut être qu'inconsciemment, je le savais mais que j'ai fait la politique de l'autruche, la tête planquée dans mes livres, le regard rivé sur les images virtuelles en 3D ou holographes pour oublier ce chaos.
Il a suffit d'une alerte sonore lancinante, d'un message vocale qui passait en boucle pour nous dire de rejoindre d'urgence les abris souterrains pour qu'Eric m'entraîne avec lui en courant vers les navettes, non pas en direction de l'abri le plus proche mais vers le secteur militaire. Et ce alors que toute la foule se précipitait dans un même et unique sens, l'inverse du nôtre.
Je lui demandais ce qu'il se passait. Ses seules réponses furent « tu le sauras bien assez tôt ». Je l'ai su... Je l'ai perdu...
Sans le savoir j'ai été préparée pour être une des anthropologues et colons à partir en mission sur l'Arche en cas de catastrophe imminente. Initialement ce devait être Eric, mais les années sont passées et entre un homme de 59 ans et une jeune femme de 22 ans, le choix est vite fait !
J'ai compris son acharnement à me faire faire tous les matins des exercices sportifs, mes régimes alimentaires stricts, mes visites chez le médecin tous les 6 mois. Toutes ces habitudes, je les avais mises sur le compte des habitudes d'un vieil homme célibataire un peu farfelu... il n'en était rien !
Il avait tout orchestré depuis le début.
Mes supplications pour rester avec lui étant restées vaines, et les militaires commençant à s'énerver, c'est dans les larmes et les cris que je lui ai fait la promesse de poursuivre son oeuvre coûte que coûte tandis que les lourdes portes se fermaient devant nous.
Je me suis retournée... l'Arche démesurée était là...
Aujourd'hui j'ai 27 ans, et c'est mon premier pas sur Prosperia !